La photo est de 1903. Un décor «Belle Epoque» : fresques, arcs cintrés, piliers et chapiteaux, motifs en stuc, miroir et grands lustres . Derrière le seul client attablé, le billard! A droite, les étagères à bouteilles et le comptoir . Sur le guéridon : les journaux. Sous la Restauration, le café Pontié (du nom du propriétaire de l’immeuble ) est déjà cité. L’immeuble actuel date de Napoléon III. Le café, lieu important de la vie sociale : on y boit, on s’y rencontre , on s’y instruit, on s’y divertit. Le Pontié reste , après des aménagements divers (dans l’actuel, le grand lustre central a disparu et il y a une mezzanine) le Grand Café, longtemps celui des notables. La jeunesse a préféré longtemps d’autres cafés : le Petit Pontié, (le Moderne) pour le distinguer du Grand Pontié, le café du Vigan ou la Poste. Le Pontié était pour elle en verlan le «Tiépon». Face à la place du Vigan, le forum des Albigeois qui le parcouraient tout en devisant, c’était un peu le Sénat, où se prolongeaient les discussions et où se prenaient des décisions. Il a eu ses vedettes : serveurs , clients et propriétaires ou gérants . Sous Mazel, deux garçons se distinguaient : Faustin Fernandez et André Fabre . Ce dernier, facétieux riposta à un client qui se plaignait de la présence d’un moucheron dans son apéritif : «Monsieur, pour le prix, vous ne pouvez pas avoir une langouste !» Le photographe Servel, le dentiste Basquin ont fait longtemps la fermeture. Jacques Guy de retour de la guerre de Corée, en était une vedette. Marcel Bescos, capitaine du XIII de France, le tint un temps. Toute la ville savait, si on y avait rendez vous avec une belle.
Le Pontié, avec son immense terrasse, ses animations musicales de l’été, reste le fleuron de la place et lieu de rendez-vous incontournable.
Source: La Dépêche